CENCOIC : pour un développement économique respectueux des communautés indigènes colombiennes

Depuis plus de 30 ans, la Coopérative Centrale Indigène du Cauca (CENCOIC) cherche à sauvegarder la culture et les pratiques indigènes en assurant aux communautés un revenu stable, grâce à une production de café respectueuse de l’Environnement et des principes du commerce équitable.
Situé au Sud-Ouest de la Colombie, le Cauca a la plus forte concentration de population indigène du pays : 190 000 personnes, soit plus de 20% de la population du département. Depuis l’Indépendance, les différentes ethnies en présence n’ont cessé de lutter pour la reconnaissance de leur culture et de leurs droits, en particulier pour celui à la Terre. Un droit souvent remis cause par les grands propriétaires terriens, le manque de reconnaissance de la propriété communautaire ou encore la violence du conflit armé qui touche toujours cette région. Au début des années 70, les communautés indigènes ont réussi à structurer un mouvement local, le Comité Régional Indigène du Cauca (CRIC), capable de relayer leurs revendications politiques et des initiatives visant à leur développement socio-économique. C’est de ce mouvement qu’est née CENCOIC en 1980.
Partenaire de la SIDI depuis 2013, CENCOIC a d’ores et déjà pu obtenir deux crédits de campagnes successifs : un premier de 150 000 $ en 2013 et un deuxième de 300 000 $ l’année suivante. Ces prêts permettent à la coopérative de pouvoir payer ses membres dès la remise du café et non au lendemain de la vente, ce qui sécurise l’économie familiale. En juin de cette année, la SIDI a décaissé un nouveau prêt de 400 000 $ pour financer la saison 2015 de CENCOIC.
La culture du café comme moyen d’autonomisation
Dès sa création, la coopérative a eu pour mission de structurer la politique économique des communautés indigènes, dont elle renforce les capacités de production, de transformation et de commercialisation du café. CENCOIC regroupe aujourd’hui près de 1700 producteurs de café, tous issus de communautés rurales et indigènes. Ces producteurs cultivent de petites parcelles escarpées (0,8 hectare en moyenne), sur lesquelles poussent plants de café et cultures vivrières. Le café est la principale source de revenus de ces familles. Grâce à l’intégration de la coopérative aux réseaux de commerce équitable, les producteurs peuvent bénéficier d’un prix de vente plus élevé qui leur permet d’améliorer leurs conditions de vie.
CENCOIC fournit à ses membres un appui technique pour la production et la commercialisation du café. Pour ce faire, six promoteurs techniques rendent visite aux producteurs tous les trois mois afin de les conseiller et de contrôler la qualité du café. En 2014, les membres ont en outre pu être formés sur la qualité du café, la gestion administrative comptable et les tendances du marché, et sur les normes, critères du commerce équitable ou encore calcul de primes
Un acteur engagé pour la biodiversité
Depuis quelques années, les effets du changement climatique se font sentir dans le Cauca rendant la planification agricole des familles de plus en plus difficile et l’accompagnement de CENCOIC d’autant plus crucial.
Les producteurs de la région ont de plus dû faire face aux ravages causés par la maladie de la rouille, qui a occasionné la perte de nombreux plants de café et a amené la fédération nationale des caféiculteurs à inciter à la plantation d’une variété unique de café (castillo) capable de résister à cette maladie. Cette décision s’opposant aux valeurs de la coopérative, celle-ci continue d’œuvrer pour la récupération et la production de semences natives, tout aussi résistantes à la rouille, et incite ses membres à diversifier leurs cultures.
CENCOIC travaille aussi à ce que ses producteurs soient certifiés bio, et les soutient dans l’adoption de pratiques agro-écologiques.
Une coopérative en plein essor
Ces dernières années, CENCOIC a vu le nombre de ses membres considérablement augmenter. Ainsi, de 1 300 membres fin 2013, ils sont passés à près de 1 700 membres fin 2014. La quantité de café produite et commercialisée a elle aussi beaucoup progressé, culminant à 500 tonnes de café fin 2014. Cet essor permet à la coopérative d’envisager de nombreux projets comme la construction de sa propre usine de transformation ou encore l’acquisition d’un grand espace pour réunir en un lieu son entrepôt, son laboratoire et sa future usine de transformation. Surtout CENCOIC envisage d’exporter directement, ce qui lui permettrait de renforcer son indépendance et d’augmenter les revenus perçus par les producteurs.
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