Deux évolutions structurantes pour la SIDI ont eu lieu en Ouganda en 2019 et ont fait l’objet de rencontres en Juin entre les membres de la gouvernance de la SIDI et les partenaires concernés. Philippe Loiret, Président d’ESD, l’association des actionnaires individuels de la SIDI, vous partage ses impressions.

SMF-EA (Stromme MicroFinance East Africa) change de propriétaire

SMF-EA est un acteur de la microfinance de l’Afrique de l’Est, qui refinance actuellement 25 Institutions de Microfinance (IMF) dans trois pays (Ouganda, Kenya et Tanzanie). Cette organisation a été créée par la Fondation norvégienne Stromme en 1994, qui avait ensuite fait entrer deux autres actionnaires à son capital, dont la SIDI. En 2017, la Fondation Stromme a fait le choix stratégique de se désengager de ses activités « génératrices de revenus » pour se concentrer sur les projets non directement rentables (éducation, santé…). Il lui fallait donc trouver un acheteur pour la SMF-EA qui puisse payer en couronnes norvégiennes… et c’est finalement la SIDI, qui a été retenue pour reprendre le flambeau.

J’ai eu la chance de rencontrer l’équipe des salariés de la SMF-EA et de me rendre compte à quel point ils espéraient que la SIDI reprenne la mission initiée par la Fondation Stromme, leur apportant une plus grande stabilité, une continuité dans leur travail et l’assurance que la mission sociale et environnementale de la SMF-EA puisse perdurer. Maintenant que le processus de rachat est terminé, il reste à la SIDI de confirmer ces espérances.

Vous aurez l’occasion de mieux comprendre les collaboration entre la SIDI et la SMF-EA le 3 juin 2020 lors des Assemblées Générales d’ESD et de la SIDI, qui feront intervenir les témoignages de certains membres de la SMF-EA.

Centenary Bank

La SIDI a vendu 1,09% de sa participation au capital de la Centenary Bank et détient à présent 10,5%.

Après un développement fabuleux, la Centenary bank est devenue la deuxième banque en Ouganda en terme d’actifs ; sa gouvernance est partagée entre les évêchés ougandais, la SIDI et le néerlandais Triodos : on l’appelle parfois « la banque des évêques ».

Son important réseau s’organise autour de quatre lieux de marché :

  • Un siège central à Kampala : activité pour les entreprises et le grand public
  • Une cinquantaine d’agences classiques : activités de crédits, de dépôts et retraits d’argent liquide, de virements, et de télépaiements (électricité, eau, écoles…)
  • Plus de 2 000 « CenteAgent », qui sont des revendeurs des services de la banque : activités de dépôts et retraits d’argent liquide, de virements et de télépaiements
  • Une banque mobile : activités de virements et de télépaiements

La cohérence de cet ensemble repose sur sa plateforme informatique centralisée : le client dispose d’un numéro de compte unique, d’où il peut agir à tous les niveaux, dans les agences, à partir de la tablette connectée du CenteAgent, ou sur son mobile. Dans la pratique, l’usage semble suffisamment intelligent et confortable pour permettre qu’un nombre toujours croissant de crédits, de dépôts et de transactions soient effectués. Le volume et la couverture géographique de la Centenary Bank la positionne comme un acteur majeur de la création monétaire nécessaire au développement en Ouganda. Elle continue ainsi d’être l’une des banques les plus audacieuses du pays, et de toucher un grand nombre de clients même dans les campagnes ce qui contribue à l’accélération de l’inclusion financière.

La SIDI, dans ce concert de satisfécits commerciaux qui pourraient même plaire à des investisseurs plus classiques, m’a semblé assez bien respectée ; et, en dehors des dividendes qu’elle récupère (dividendes votés par l’AG à une hauteur moyenne de 9% du résultat annuel), qui permettent de financer une partie de son activité, sa participation me semble toujours répondre à deux de ses objectifs :

  • Améliorer le taux de bancarisation du pays, par l’intermédiaire de microcrédits qui permettent aujourd’hui de desservir un très grand nombre de clients
  • S’assurer que la mesure et le suivi des performances sociales et écologiques ne soient pas sous-estimées devant une activité économique et financière en croissance. En 2017, la SIDI a par exemple été à l’origine d’un audit social de l’entreprise dont les résultats seront bientôt disponibles.

C’est probablement l’une des conditions nécessaires pour éviter que de tels succès d’entreprises, ne se transforment en de simples structures financières sans âme.

Centenary est une très belle banque sociale, qu’elle le reste !

Philippe LOIRET,

Président de l’association ESD

16 octobre 2019