Dans un des pays les plus pauvres au monde (classé 183e sur 187 sur l’Indice de Développement Humain), ASIENA propose de mettre la solidarité financière au service du développement des communautés rurales marginalisées.

Comme souvent, la pauvreté au Burkina est tout particulièrement marquée en milieu rural, où les populations font face à des conditions de vie particulièrement précaires. L’exploitation familiale agricole, principale source de travail et de revenus, se heurte au manque chronique de ressources financières pour se développer. La microfinance bien qu’en pleine expansion dans le pays, reste toujours inaccessible à la plupart des populations rurales, souvent considérées comme étant trop pauvres et trop risquées pour bénéficier de leurs services : les montant des crédits sollicités étant trop insignifiants et les capacités de remboursement trop incertaines.

Dans ce contexte, l’Association Inter-instituts Ensemble et Avec (ASIENA) cherche à accroître l’autonomie des populations rurales les plus démunies, prioritairement des femmes, en suscitant et accompagnant le développement de groupes autogérés d’entraide, d’épargne-crédit et de prévoyance, connus sous le nom de Mutuelles de Solidarité (MUSO).

ASIENA s’adresse prioritairement aux femmes (95% des membres) en milieu rural et péri-urbain car elle mise sur leur rôle moteur dans l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble de leur famille. ASIENA travaille aussi avec des associations locales, notamment des groupements de producteurs, afin de les accompagner dans le renforcement et la diversification de leurs activités.

La SIDI est partenaire d’ASIENA depuis 2006. En l’espace d’une dizaine d’années elle a pris une part active dans la gouvernance d’ASIENA qu’elle accompagne encore aujourd’hui dans sa consolidation institutionnelle. La SIDI a en outre octroyé à ASIENA plusieurs prêts successifs pour le refinancement des MUSO via les caisses bleues, le dernier prêt en date d’un montant de 450 000 euros, sur trois ans, conjointement avec le fonds FEFISOL*.

Concrètement, les MUSO sont des groupes de 20 à 30 personnes qui se connaissent (membres du même village, se rendant sur le même marché …) et décident de cotiser ensemble afin d’atteindre une série d’objectifs communs. Dans une MUSO, les membres mettent en commun leur argent, issu de cotisations régulières, et l’utilisent selon des règles décidées par le groupe, pour développer des activités productives, investir dans l’éducation des enfants ou prévoir les coups durs. Les cotisations sont versées dans trois caisses au rôle clairement identifié : une caisse verte recueille l’épargne, qui sert ensuite à l’attribution de crédits, une rouge sert de mutuelle de secours (pour des soins médicaux, un incendie…), une bleue recueille enfin les refinancements extérieurs. Les rencontres régulières du groupe (une fois par mois en général) permettent la tenue des comptes, le recueil des cotisations, la demande de crédits, et sont en outre autant d’occasion d’échanger autour de l’élaboration d’un projet, des difficultés rencontrées, de proposer des formations etc.

La finance communautaire permet de donner accès à des services financiers à des populations, qui prises individuellement et en raison de leur vulnérabilité, ne pourraient avoir accès à la microfinance traditionnelle. De plus, en appuyant l’émergence et la structuration de MUSO en milieu rural, ASIENA contribue à faire de la solidarité, notamment financière, un facteur de développement pour les membres du groupe et plus largement de leurs villages et communautés.

Aujourd’hui ce sont plus de 1100 MUSO qu’ASIENA soutient dans 23 provinces burkinabés Faso, soit plus de la moitié du territoire, qui rassemblent plus de 20 000 familles.

16 octobre 2015