Retour de mission : en Côte-d’Ivoire, nos partenaires face à la baisse de production du cacao

Plants cacao 5 Cote d'Ivoire

Retour de mission : chaque trimestre, un membre de l’équipe opérationnelle de la SIDI nous partage une mission réalisée auprès des partenaires et de leurs bénéficiaires.

Avez-vous remarqué l’envolée du prix de votre chocolat préféré ces derniers temps ? La hausse des cours représente de nombreux défis pour nos partenaires impliqués dans la filière cacao en Côte d’Ivoire, un pays qui représente à lui seul près de 40% de la production mondiale. De retour de mission, Junior Tombe, chargé de partenariats, nous apporte son éclairage.

Depuis septembre 2023, je suis en charge du suivi des partenaires de la SIDI dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est ainsi que j’ai découvert la Côte-d’Ivoire, un des pays d’intervention de la SIDI. Les mutations que connait le secteur agricole dans ce pays rendent chaque mission passionnante.

Cette fois-ci ma mission concernait la filière cacao. Nous accompagnons principalement des coopératives certifiées qui achètent directement aux producteurs des fèves séchées et fermentées et revendent ensuite aux exportateurs, souvent filiales des grandes multinationales du chocolat.

Il faut savoir qu’aujourd’hui la Côte-d’Ivoire représente entre 35 à 40% de la production mondiale de cacao (plus de 50% avec le Ghana). Toute évolution de la production y influence donc directement le marché mondial.

La vente à terme du cacao face à l’envol des cours mondiaux

La particularité intéressante de la Côte-d’Ivoire est d’avoir un marché du cacao très encadré. L’État, à travers le Conseil Café Cacao (CCC) fixe le prix du cacao à chaque début de campagne :  du 1er octobre au 31 mars de l’année suivante pour la grande traite, et du 1er avril au 30 septembre pour la petite traite. Ainsi, un barème de prix définit le prix de vente à tous les niveaux de la chaîne de commercialisation, du planteur à l’exportateur. Le prix « bord champ » est celui payé aux producteurs par les coopératives. En principe, nul ne peut acheter en dessous ou au-dessus sous peine de sanctions.

Cette politique de stabilisation des prix, adoptée après les excès constatés de la libéralisation, garantit un prix minimum aux producteurs et permet de sécuriser les ventes futures via des contrats à terme, à des prix négociés six-douze mois avant la campagne. Mais la dernière campagne (2023/24) et la grande traite de la campagne 2024/25 ont été marquées par une baisse de la production : moins 25 à 30% en 2023-2024 et baisse des livraisons pour la campagne en cours. Causée par le dérèglement climatique -les « sécheresses » alternent avec des trop fortes pluies -, la baisse de la production couplée à la spéculation boursière a contribué à la flambée historique des cours sur le marché international (la tonne de cacao passait de 4k$ à 12k$ entre fin 2023 et avril 2024).

Étant donné que la grande partie de la production de cacao ivoirien est vendue anticipativement à des prix négociés à l’avance, la flambée des prix a donc creusé l’écart entre le prix bord champs payé aux producteurs et le prix sur le marché, mettant finalement en tension la politique de stabilisation des prix. Cela pose de nouveaux défis aux coopératives.

Des partenaires matures capables d’anticiper les évolutions de la production

J’ai été impressionné lors de ma mission par la maturité de nos coopératives partenaires face à ces défis. Elles ont ainsi réussi à livrer 80% de leurs contrats aux acheteurs sur la grande traite 2024/25.

Cela démontre leur niveau de connaissance du terrain ainsi que l’efficacité de leurs stratégies de fidélisation des producteurs. Dans un contexte de baisse de production du cacao pouvant intensifier la concurrence, les avantages que nos partenaires fournissent à leurs membres sont déterminants pour sécuriser le stock : fourniture d’intrants, prêts scolaires, formations, dons d’outils, etc.

En plus d’avoir misé sur les services non commerciaux, nos partenaires ont anticipé l’augmentation de leur besoin de financement. C’est ainsi qu’ils ont obtenu des montants plus importants de préfinancements des acheteurs, en plus du relèvement des montants de leurs prêts négociés à la SIDI (+1,1 M€ de prêts en 2024 par rapport à 2023).

Contrairement aux avances des acheteurs, remboursées à la livraison et aux prêts des banques souvent amortis mensuellement, les prêts SIDI offrent un fonds de roulement flexible car ils sont remboursés sur les dernières livraisons.

L’exemple d’ECAM, un partenaire emblématique de la SIDI depuis 2017

Basée à Méagui au sud-est de la Côte d’Ivoire, ECAM dépasse les 3000 membres pour une capacité de production d’environ 7000 t de cacao.

Lors de ma visite dans les plantations de membres d’ECAM, je me suis rendu compte de la résilience de la coopérative car certaines parcelles sont touchées par la maladie swollen shoot depuis quelques années. Cette maladie, incurable à ce jour, détruit les branches et les feuilles des cacaoyers, entrainant la chute de la production pour les producteurs et par conséquent, la baisse des revenus. Pour faire face à ce fléau, ECAM promeut la diversification des cultures en distribuant des semences des cultures maraichères pour suppléer le cacao dans les zones infectées. Ceci s’ajoute aux activités du programme de durabilité d’ECAM: la promotion des intrants bio pour soutenir la productivité, distribution d’arbres d’ombrage etc.

SCEB, une coopérative 100% bio qui pourrait être un nouveau partenaire

Cette mission m’a permis de rencontrer un potentiel nouveau partenaire pour la SIDI : SCEB, une coopérative 100% bio, assez différente de ce qu’on peut voir en Côte-d’Ivoire.

Pour la SIDI, c’est important de soutenir un partenaire qui fait le choix de l’agriculture biologique dans un contexte où moins de 10% des membres des coopératives partenaires sont bio, et où l’Union Européenne, principale acheteuse du cacao ivoirien, renforce ses dispositifs légaux de lutte contre la déforestation.

Le positionnement de la coopérative sur ce marché de niche dans un pays qui cultive presque exclusivement le cacao en conventionnel constitue un exemple pour d’autres coopératives.

Dans l’ensemble, c’est vraiment enrichissant pour la SIDI d’accompagner ces partenaires de la filière cacao en Côte d’Ivoire qui montrent une grande capacité d’adaptation. Ainsi, je suis convaincu que l’expérience ivoirienne peut être riche d’enseignements pour d’autres pays et d’autres filières.

 

Propos recueillis par Anne-Isabelle Barthélémy

Crédits images SIDI : plants de cacao, pépinière d’arbres d’ombrage, sur la route, cacaoyer atteint par le swollen shoot

 

Résister en temps de conflit : le témoignage d’Hekima, partenaire basé en République Démocratique du Congo, à l’Assemblée générale de la SIDI

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Hekima est intervenu dans le cadre de l’Assemblée générale de la SIDI le 11 juin afin de nous permettre de mieux comprendre le rôle des institutions de microfinance au Kivu, marqué par les conflits armés et une forte insécurité, ainsi que la manière dont Hekima parvient à poursuivre ses activités dans ce contexte.

Comme chaque année, l’Assemblée générale est l’occasion pour la SIDI d’inviter l’un de ses partenaires à témoigner. Cette année, nous avons eu le plaisir d’accueillir Laurent Daddy Yamba, Directeur général de l’institution de microfinance (IMF) Hekima, partenaire de la SIDI dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). 

Un partenariat entre Hekima et la SIDI basé sur la confiance  

Les premiers contacts entre Hekima et la SIDI remontent à 2013, et le partenariat a officiellement débuté en 2021. Il repose sur une grande confiance. En termes de financement, la SIDI et FEFISOL (Fonds européen de financement solidaire pour l’Afrique)financent Hekima à hauteur d’1,5 millions de dollars depuis 2021. Parallèlement, et à la demande d’Hekima, la SIDI a intégré son Conseil d’administration, contribuant au débat sur son développement stratégique et maîtrisé : croissance du portefeuille, digitalisation, expansion dans une zone à haut risque.  

Hekima et la situation au Kivu 

Laurent D. Yamba nous a expliqué comment Hekima continue de travailler dans un contexte difficile : depuis janvier 2025, l’offensive menée par le M23, groupe rebelle actif au Kivu soutenu par les soldats rwandais, a entraîné des exactions, déplacement de populations, pertes économiques et une insécurité généralisée ce qui fragilise les activités de l’IMF (voir notre article sur la prise Goma par le M23 et l’impact sur nos partenaires et la population). Le 27 juin, un accord de paix a été signé entre la RDC et le Rwanda mais la situation reste incertaine.  

Fondée en 2007, Hekima est une IMF dont le siège est à Goma et qui est implantée via trois autres agences à Bukavu, Kalemie et Lubumbsahi. Elle compte 8 119 emprunteurs actifs pour un portefeuille de crédits de 9,7 millions de dollars à la fin du premier trimestre 2025. L’IMF s’adresse principalement aux femmes entrepreneuses (78 % de sa clientèle), notamment à travers des crédits de groupe (inspirés des tontines locales) principalement en milieu urbain, en raison des risques liés au secteur agricole informel.  

Depuis janvier 2025, l’argent liquide se fait rare, les IMF deviennent donc des structures stratégiques, mais aussi particulièrement exposées, ce qui met en danger les activités et l’équipe d’Hekima. Entre les violences contre les clients, le pillage des activités des emprunteurs, le ralentissement économique et les difficultés logistiques, Hekima, comme toutes les IMF de la région, a dû réduire ses opérations.  

Laurent Daddy Yamba est actuellement à Kinshasa pour des raisons de sécurité. Les échanges avec les clients sont rendus difficiles, les rééchelonnements de crédits aussi. Si certaines IMF tiennent encore, beaucoup de structures mutualistes “ne tiennent plus que de nom. Elles sont mortes.”  

« Les institutions de microfinance agonisent et ont besoin de soutien – et elles en auront encore plus besoin demain, lorsque la crise sera passée, car il faudra relancer les activités. » 

Les échanges avec les clients sont rendus difficiles, les rééchelonnements de crédits aussi. Si certaines IMF tiennent encore, beaucoup de structures mutualistes “ne tiennent plus que de nom. Elles sont mortes.” 

Maintenir l’activité malgré le conflit 

Malgré tout, Hekima continue de fonctionner et de servir ses clients en s’adaptant constamment. Des points de repli sont organisés pour la collecte et la distribution de fonds, parfois dans des hôtels. L’équipe, bien que dispersée, poursuit ses missions en télétravail et organise des rendez-vous aux horaires les plus sûrs. Tous gardent espoir et restent engagés dans leur mission malgré la guerre civile. 

Ce maintien de l’activité a renforcé la confiance des clients envers Hekima. A Goma, de mars à mai 2025, l’IMF a ainsi pu financer 476 crédits pour un total de 246 000 dollars, sous la forme de petits prêts d’environ 500 dollars, dans une région où la monnaie liquide est rare et cruciale pour l’accès aux soins ou à l’alimentation. Dans cette période complexe, Laurent Daddy Yamba explique comment Hekima privilégie les prêts aux groupes car l’impact est plus important. 

Quelles solutions pour demain ? 

Laurent Daddy Yamba mène également un plaidoyer auprès des institutions internationales et nationales – FMI, Banque mondiale, Banque centrale du Congo – pour la création d’un fonds de relance pour l’après crise. En effet aucune IMF ne pourra faire face seule à la reprise d’activité. Ce fonds de relance comporterait trois volets : des emprunts à taux 0, des fonds de subventions – soit d’équipements, soit du portefeuille –  et des garanties financières rapidement utilisables. Pour Laurent Daddy Yamba, un tel fonds de relance est essentiel pour redémarrer les opérations dès que les conditions sécuritaires permettront le retour des clients en grand nombre. 

Un témoignage porteur de sens 

Inviter Hekima et son Directeur général Laurent Daddy Yamba à notre Assemblée générale est un honneur pour la SIDI, et également une manière forte d’exprimer notre solidarité avec notre partenaire, les populations congolaises et les acteurs de la microfinance au Kivu.  Aujourd’hui, l’enjeu est clair : se tenir aux côtés d’Hekima et préparer l’après-conflit. 

Découvrez le rapport d’activités 2021 de la SIDI

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Le rapport d’activités 2021 est en ligne !

L’année 2021 a encore été très marquée par les effets de la pandémie de Covid19, mais saluons l’engagement de chacun qui a permis à la SIDI de poursuivre sa mission d’investisseur solidaire au service de l’inclusion financière et économique des populations exclues des systèmes financiers conventionnels.

Découvrez les performances et réalisations de la SIDI et des organisations partenaires, toutes engagées dans une démarche de transition écologique et sociale. Consciente des besoins importants qui persistent en financement comme en accompagnement, la SIDI reste toute entière mobilisée pour répondre aux enjeux qui se posent de façon toujours plus aigüe aux populations les plus vulnérables.

Gardons notre cap et notre ambition en faveur d’une finance solidaire !

 

 

 

 

[Webinaire] Etude d’impact d’un partenaire de la SIDI en Afrique du Sud, la SEF

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[chapeau]Webinaire sur les résultats de l’étude d’impact conduite avec la Small Enterprise Foundation (SEF), institution de microfinance dédiée aux femmes.[/chapeau]

Participez au webinaire qui se déroulera le 3 juin de 10h à 12h, en présence de représentants de l’institution SEF, que la SIDI appuie depuis 2017.

SEF est une institution de microfinance à vocation sociale de la région rurale du Limpopo, au nord de l’Afrique du Sud, qui se consacre exclusivement à l’appui aux femmes, et compte à ce jour plus de 200 000 clientes.

Afin de mieux comprendre l’impact de ses services sur les clientes en termes économiques, mais aussi sociaux et du point de vue des inégalités de genre, la SIDI, la Fondation Grameen Crédit Agricole et le réseau F3E ont financé une étude d’impact, conduite en 2021, dont les conclusions seront rendues publiques lors de ce séminaire.

 

Pour vous inscrire au webinaire c’est par ici

 

Voir le webinaire sur l’accompagnement des partenaires

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[chapeau]Vous pouvez voir ou revoir cette nouvelle édition du webinaire Les Témoins en Actes sur l’accompagnement, pilier de la mission d’investisseur solidaire.[/chapeau]

Le webinaire accueillait Abdou-Rasmané OUEDRAOGO, directeur général de l’Union des Baoré Tradition d’Epargne et de Crédit (UBTEC). L’UBTEC est une institution de microfinance qui œuvre essentiellement en milieu rural dans la région du Nord du Burkina Faso, en zone sahélienne, tout en maintenant un fort ancrage paysan par le fait de sa création émanant de la principale fédération paysanne du Burkina.

Son directeur général est venu témoigner, en dialogue avec le chargé de partenariat de la SIDI, sur la relation tissée avec la SIDI en vue de l’accompagnement des paysans à la Transition Ecologique et Sociale. L’appui de la Fondation ACTES a permis de financer et d’accompagner les pratiques agro-écologiques des membres de l’UBTEC.

Webinaire : L’accompagnement des partenaires

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[chapeau]Pour renforcer son action pour l’accompagnement de ses partenaires, la SIDI a créé la Fondation ACTES sous égide de la Fondation Terre Solidaire. Focus avec ce nouveau webinaire Les Témoins en Actes sur l’accompagnement, pilier de la mission d’investisseur solidaire.[/chapeau]

Afin de découvrir tout le travail d’accompagnement sur mesure effectué par la Fondation ACTES auprès des partenaires de la SIDI, nous vous convions à un nouveau rendez-vous des Témoins en ACTES le jeudi 31 mars de 17h à 18h30.

Cette fois-ci nous accueillons Abdou-Rasmané OUEDRAOGO, directeur général de l’Union des Baoré Tradition d’Epargne et de Crédit (UBTEC).

L’UBTEC est une institution de microfinance qui œuvre essentiellement en milieu rural dans la région du Nord du Burkina Faso, en zone sahélienne, tout en maintenant un fort ancrage paysan par le fait de sa création émanant de la principale fédération paysanne du Burkina.

Son directeur général nous livrera son témoignage, en dialogue avec le chargé de partenariat de la SIDI, sur la relation tissée avec la SIDI en vue de l’accompagnement des paysans à la Transition Ecologique et Sociale. L’appui de la Fondation ACTES a permis de financer et d’accompagner les pratiques agro-écologiques des membres de l’UBTEC.

1h30 d’échanges pour mieux comprendre l’articulation entre les métiers d’investissement et d’accompagnement mis en œuvre par la SIDI, ainsi que les enjeux auxquels elle est confrontée pour consolider sa mission d’accompagnement auprès des partenaires.

Pour vous inscrire au webinaire c’est par ici

La première édition du webinaire Les Témoins en Actes avait accueilli Assata DOUMBIA, productrice et présidente de la coopérative ECAM en Côte d’Ivoire. Vous pouvez retrouver son témoignage et revoir ce webinaire :

Focus sur l’accompagnement technique aux acteurs ruraux africains

Créé en 2011 par la SIDI et ses partenaires, le fonds Fefisol propose, en complément de son appui financier, une facilité d’accompagnement technique (AT) aux acteurs ruraux africains. Après avoir conduit près de 140 projets d’AT sur le continent, la SIDI et Alterfin doivent lancer un second fonds en 2022, avec l’ambition d’approfondir toujours plus son approche sociale et environnementale des entreprises financées.

Financement et AT, terreau fertile pour la croissance des entités agricoles en Afrique

Par Gabrielle Orliange, Responsable de la performance sociale et environnementale SIDI/Fefisol (publié in Secteur privé & développement #36, La revue de Proparco, 4e trimestre 2021)

En Afrique, la microfinance et le secteur rural intéressent peu le système bancaire classique. Un accompagnement technique (AT) des entités agricoles, combiné à une offre financière adaptée jouent pourtant un rôle essentiel dans le développement durable du continent. C’est pourquoi le fonds Fefisol (Fonds européen de financement solidaire pour l’AFrique), en complément de son appui financier, propose une facilité d’accompagnement technique aux acteurs ruraux. Dans ce cadre, il met au service de ses clients des prestataires spécialisés qui les aident à renforcer leur viabilité et à améliorer leur productivité, tout en veillant à préserver les conditions d’existence des petits producteurs agricoles.

Depuis sa création il y a tout juste dix ans, Fefisol a ainsi financé 139 projets d’accompagnement auprès de 51 clients dans 22 pays africains. Plus de deux tiers des bénéficiaires sont des petites institutions de microfinance (IMF) en consolidation[1] ou des entités agricoles. Un quart des projets d’accompagnement technique soutenus par le fonds sont liés aux thématiques financières, notamment au suivi comptable et au renforcement du contrôle interne.

Le programme d’accompagnement technique renforce l’impact de l’appui financier. Au niveau du bénéficiaire, les deux leviers d’action se révèlent complémentaires : les prêts de Fefisol permettent aux entreprises d’accroître leur activité, tandis que l’expertise technique les aide à sécuriser cette croissance en améliorant leur efficacité. Au niveau du pilotage du fonds, l’accompagnement technique permet en retour aux chargés d’investissement d’améliorer leur compréhension du fonctionnement des entreprises bénéficiaires, ce qui garantit une meilleure efficience opérationnelle.

L’offre d’AT que propose Fefisol se distingue surtout en apportant une réponse sur mesure aux besoins du client. Celui-ci est largement impliqué dans l’ensemble du processus, y compris dans la sélection du prestataire. Cette bonne appropriation est également renforcée par la contribution financière directe que chaque client doit apporter au projet[2].

IMPLIQUER LE CLIENT DANS TOUTES LES PHASES DU PROCESSUS

Au cours de la décennie, les besoins des clients de Fefisol ont largement évolué. Depuis près de deux ans, en raison de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, les demandes adressées au fonds ont principalement porté sur la couverture d’équipements non prévue dans leur budget annuel. Les IMF ont pour leur part demandé à être accompagnées sur la gestion de la liquidité dans un contexte de crise. Fefisol a répondu à ce besoin en organisant, avec des partenaires, une formation en ligne sur cette thématique.

L’évaluation indépendante de la facilité menée en 2019 permet de dresser le bilan de l’impact de l’accompagnement technique au niveau des bénéficiaires. Beaucoup de missions d’AT répondent à des opportunités et besoins de changements fondamentaux au sein des institutions bénéficiaires. Dans de nombreux cas, les projets d’AT ont permis de démarrer un processus de transformation en profondeur. En offrant la possibilité aux clients de tester plus rapidement et facilement des innovations, ils contribuent à accélérer la mise en place de solutions optimales.

Plusieurs leçons peuvent être tirées de ces dix années d’activité. La principale demeure la nécessité de l’appropriation par le client du projet d’accompagnement technique. À ce titre, son implication dans le processus est cruciale, depuis la définition de ses besoins pour une solution sur mesure jusqu’au pilotage du consultant. Il convient par ailleurs de conserver une certaine agilité tout au long de la mise en œuvre des projets d’AT pour garantir une réponse efficace.

RELEVER LE DÉFI DE L’ÉVALUATION DE L’IMPACT DES PROJETS

En aval, le défi majeur de ce type de dispositif reste celui de l’évaluation de l’impact des programmes d’AT sur les bénéficiaires. Grâce à la possibilité d’octroyer des financements successifs et à ses processus de suivi de la performance de ses clients, Fefisol dispose néanmoins d’outils performants pour caractériser et documenter cet impact dans la durée.

Pour accompagner cette montée en puissance, un fonds Fefisol 2 va être lancé en mars 2022. Placé dans la continuité de Fefisol 1, il proposera toujours des services financiers et techniques à des IMF rurales et à des entités agricoles, avec l’ambition d’approfondir son approche sociale et environnementale des projets. À ce titre, la facilité AT aura un compartiment dédié à l’amélioration des pratiques agricoles durables et au financement de l’agriculture, tout en conservant son approche « sur mesure » de façon à répondre à l’ensemble des besoins de ses clients.

[1] IMF Tier 3, dont le total des actifs est inférieur à 5 millions USD.

[2] Cette contribution obligatoire – au moins 15% de chaque mission – explique le montant moyen relativement faible des projets d’AT.

 

Focus sur l’accompagnement technique aux acteurs ruraux africains

Créé en 2011 par la SIDI et ses partenaires, le fonds Fefisol propose, en complément de son appui financier, une facilité d’accompagnement technique (AT) aux acteurs ruraux africains. Après avoir conduit près de 140 projets d’AT sur le continent, la SIDI et Alterfin doivent lancer un second fonds en 2022, avec l’ambition d’approfondir toujours plus son approche sociale et environnementale des entreprises financées.

Financement et AT, terreau fertile pour la croissance des entités agricoles en Afrique

Par Gabrielle Orliange, Responsable de la performance sociale et environnementale SIDI/Fefisol (publié in Secteur privé & développement #36, La revue de Proparco, 4e trimestre 2021)

En Afrique, la microfinance et le secteur rural intéressent peu le système bancaire classique. Un accompagnement technique (AT) des entités agricoles, combiné à une offre financière adaptée jouent pourtant un rôle essentiel dans le développement durable du continent. C’est pourquoi le fonds Fefisol (Fonds européen de financement solidaire pour l’AFrique), en complément de son appui financier, propose une facilité d’accompagnement technique aux acteurs ruraux. Dans ce cadre, il met au service de ses clients des prestataires spécialisés qui les aident à renforcer leur viabilité et à améliorer leur productivité, tout en veillant à préserver les conditions d’existence des petits producteurs agricoles.

Depuis sa création il y a tout juste dix ans, Fefisol a ainsi financé 139 projets d’accompagnement auprès de 51 clients dans 22 pays africains. Plus de deux tiers des bénéficiaires sont des petites institutions de microfinance (IMF) en consolidation[1] ou des entités agricoles. Un quart des projets d’accompagnement technique soutenus par le fonds sont liés aux thématiques financières, notamment au suivi comptable et au renforcement du contrôle interne.

Le programme d’accompagnement technique renforce l’impact de l’appui financier. Au niveau du bénéficiaire, les deux leviers d’action se révèlent complémentaires : les prêts de Fefisol permettent aux entreprises d’accroître leur activité, tandis que l’expertise technique les aide à sécuriser cette croissance en améliorant leur efficacité. Au niveau du pilotage du fonds, l’accompagnement technique permet en retour aux chargés d’investissement d’améliorer leur compréhension du fonctionnement des entreprises bénéficiaires, ce qui garantit une meilleure efficience opérationnelle.

L’offre d’AT que propose Fefisol se distingue surtout en apportant une réponse sur mesure aux besoins du client. Celui-ci est largement impliqué dans l’ensemble du processus, y compris dans la sélection du prestataire. Cette bonne appropriation est également renforcée par la contribution financière directe que chaque client doit apporter au projet[2].

IMPLIQUER LE CLIENT DANS TOUTES LES PHASES DU PROCESSUS

Au cours de la décennie, les besoins des clients de Fefisol ont largement évolué. Depuis près de deux ans, en raison de la crise économique liée à la pandémie de Covid-19, les demandes adressées au fonds ont principalement porté sur la couverture d’équipements non prévue dans leur budget annuel. Les IMF ont pour leur part demandé à être accompagnées sur la gestion de la liquidité dans un contexte de crise. Fefisol a répondu à ce besoin en organisant, avec des partenaires, une formation en ligne sur cette thématique.

L’évaluation indépendante de la facilité menée en 2019 permet de dresser le bilan de l’impact de l’accompagnement technique au niveau des bénéficiaires. Beaucoup de missions d’AT répondent à des opportunités et besoins de changements fondamentaux au sein des institutions bénéficiaires. Dans de nombreux cas, les projets d’AT ont permis de démarrer un processus de transformation en profondeur. En offrant la possibilité aux clients de tester plus rapidement et facilement des innovations, ils contribuent à accélérer la mise en place de solutions optimales.

Plusieurs leçons peuvent être tirées de ces dix années d’activité. La principale demeure la nécessité de l’appropriation par le client du projet d’accompagnement technique. À ce titre, son implication dans le processus est cruciale, depuis la définition de ses besoins pour une solution sur mesure jusqu’au pilotage du consultant. Il convient par ailleurs de conserver une certaine agilité tout au long de la mise en œuvre des projets d’AT pour garantir une réponse efficace.

RELEVER LE DÉFI DE L’ÉVALUATION DE L’IMPACT DES PROJETS

En aval, le défi majeur de ce type de dispositif reste celui de l’évaluation de l’impact des programmes d’AT sur les bénéficiaires. Grâce à la possibilité d’octroyer des financements successifs et à ses processus de suivi de la performance de ses clients, Fefisol dispose néanmoins d’outils performants pour caractériser et documenter cet impact dans la durée.

Pour accompagner cette montée en puissance, un fonds Fefisol 2 va être lancé en mars 2022. Placé dans la continuité de Fefisol 1, il proposera toujours des services financiers et techniques à des IMF rurales et à des entités agricoles, avec l’ambition d’approfondir son approche sociale et environnementale des projets. À ce titre, la facilité AT aura un compartiment dédié à l’amélioration des pratiques agricoles durables et au financement de l’agriculture, tout en conservant son approche « sur mesure » de façon à répondre à l’ensemble des besoins de ses clients.

[1] IMF Tier 3, dont le total des actifs est inférieur à 5 millions USD.

[2] Cette contribution obligatoire – au moins 15% de chaque mission – explique le montant moyen relativement faible des projets d’AT.

 

Succès de la 5ème édition de la semaine africaine de la microfinance à Kigali

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[chapeau]La 5ème édition de la Semaine africaine de la microfinance a réuni à Kigali au Rwanda près de 600 professionnels de la finance inclusive représentant 55 pays. Un formidable succès ![/chapeau]

La semaine de la microfinance africaine (SAM) est la plus grande conférence sur la finance inclusive en Afrique. Organisée tous les deux ans dans un pays africain différent, elle offre des conférences, des formations et ateliers, un village des innovateurs, et bien sûr la foire aux investisseurs à laquelle l’équipe de la SIDI participe activement. Lieu de networking dédié exclusivement aux investisseurs et aux IMF africaines, la foire aux investisseurs permet ainsi à la SIDI de nouer de futurs partenariats.

La SAM représente un événement essentiel pour échanger et partager les expertises de chacun sur la finance inclusive. Le thème retenu pour cette édition était la résilience : « On ne naît pas résilient, on le devient : renforcer la finance inclusive pour mieux surmonter les crises ». C’était la première fois que la SAM se tenait au Rwanda. Ce choix a permis de mettre en lumière un pays qui témoigne à lui seul d’une formidable résilience et d’une capacité d’adaptation phénoménale.

L’équipe de la SIDI était comme chaque fois au rendez-vous. L’émotion de se retrouver en présentiel, et de voir le succès de la participation était bien palpable.

Pourquoi tant de monde ? Depuis toujours la microfinance fait l’objet de débats sur la question de son impact. Force est de constater justement que la microfinance est résiliente, qu’elle continue de fournir des réponses concrètes et qu’elle permet à toute personne, par les effets de levier générés, de définir par elle-même son propre destin.

Lors de cette 5ème édition, chacun a pu mesurer la vitalité des IMF africaines. Face à la crise sanitaire, les IMF sont parvenues in fine à bien géré les problèmes de liquidité auxquels elles faisaient face. Cela montre le travail considérable effectué depuis 20 ans par les IMF, les rendant aujourd’hui déjà résilientes. Les crises actuelles, que ce soit la crise sanitaire liée au Covid19, la crise économique qui en a découlé, l’enjeu de l’accès à l’emploi pour les jeunes, ou encore l’enjeu crucial que représente l’adaptation au changement climatique, doivent aussi être l’opportunité de modifier les pratiques, d’innover, de faire avancer les solutions qui permettent cette adaptation. Côté investisseurs, les crises peuvent avoir se rôle bénéfique de nous pousser à se rapprocher davantage et s’engager ensemble.

La SIDI continue de poursuivre son sillon, en plaçant la solidarité au cœur de l’économie et de la finance. Investir dans les petites IMF, établir des partenariats de longue durée, partager vision et risque des partenaires, pour que ces partenariats servent la consolidation des structures. Accompagner le réseau MAIN pour soutenir son programme de renforcement des capacités de ses membres – plus de 125 IMF africaines ! Défendre l’importance de l’assistance technique et l’accompagnement en réponse aux besoins exprimés par les partenaires pour servir une économie inclusive dans une démarche de transition écologique et sociale.


Quelques images de l’événement :

(c)GODONG // (c)SIDI