Le nouveau directeur des opérations et des partenariats répond à nos questions
Pouvez-vous vous présenter et partager avec nous ce qui vous a conduit à rejoindre la SIDI ?
Mon parcours est marqué par une autre économie.
J’ai choisi de travailler dans le secteur de l’Économie sociale et solidaire ce qui m’a permis de renouer – sans vraiment le savoir à l’époque (!) – avec un engagement entrepreneurial familial marqué par la Résistance. Après quelques années passées au service de la lutte contre le racisme et l’égalité des chances entre hommes et femmes, notamment au niveau européen, j’ai plongé dans la technicité – financière – de l’accompagnement de coopératives, d’entreprises d’insertion, de fondations, d’associations… d’associations… au sein de France Active[1], sur le terrain. J’ai ensuite rejoint le Crédit Coopératif au sein duquel j’ai dirigé le département Économie sociale et solidaire.
Je crois à la conjugaison de l’action, de l’expertise technique et de l’éthique pour agir très concrètement en faveur d’une autre économie… Au service de l’humain, et non l’inverse. La rencontre avec la SIDI était pour moi une évidence : les équipes, les bénévoles et la gouvernance portent ce même engagement, avec une conviction brûlante d’actualité : cette autre économie est synonyme de paix et de développement à l’international.
Quels défis majeurs voyez-vous pour la SIDI dans les régions où elle intervient ?
Ils sont si nombreux, si pluriels… Trois exemples fils rouge illustrent cette diversité :
L’aggravation de certains conflits armés ces deux dernières années risque de réduire à néant l’activité de certains de nos partenaires, comme en Palestine avec cet acteur historique de la microfinance ACAD ou encore, dans le domaine agricole, avec Fair Trade Tourism limited au Liban.
Sur le front de la crise climatique ensuite, ses effets se répercutent sur certaines filières agricoles avec une envolée historique des prix (cacao, café) et mettent sous tension les modèles économiques des organisations de producteurs africains ou sud-américains que nous soutenons.
Enfin, l’incertitude monétaire pèse sur un grand nombre de nos partenaires, citons les États du Sahel (Mali, Niger, Burkina) qui souhaitent sortir de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) au profit d’un scénario qui reste à écrire[2]. Ou, sur un autre continent, la Bolivie dont le chaos financier et la raréfaction des dollars pèse lourdement sur le coût de nos interventions financières.
L’équipe « opérationnelle » s’est ainsi organisée en 2024 pour faire face à la complexité de ces défis : une présence sur le terrain avec des équipes basées à Lomé (Togo), à Bujumbura (Burundi), à Kampala (Ouganda) et à Antananarivo (Madagascar) ; Une réorganisation de l’équipe géographique en trois pôles (Amérique Latine, Afrique de l’Ouest et du Nord, Afrique de l’Est et australe) afin d’ assurer un suivi au plus près de nos partenaires ; ceci avec l’appui de deux pôles transversaux (Accompagnement, Performance Sociale et Environnementale).
Je constate avec admiration que l’expertise et l’engagement des dix-huit professionnels de l’équipe opérationnelle demeurent de très haut niveau. Et le professionnalisme, au long cours, de l’ensemble de l’équipe de la SIDI comme l’investissement des consultants bénévoles ainsi que des actionnaires solidaires permettent d’être confiant bien que les défis soient de taille.
Quels sont vos objectifs prioritaires en tant que Directeur des opérations et des partenariats ?
Ma priorité est de stabiliser cette nouvelle organisation tout en lui donnant, avec l’ensemble de l’équipe de la SIDI, toute son efficacité.
Deuxième objectif clé : trouver le bon équilibre entre le développement et la consolidation de notre portefeuille composé maintenant de 130 partenaires pour 50 millions d’encours à travers une trentaine de pays. C’est ce bon équilibre qui permet à la SIDI d’être pleinement utile.
Autre objectif évident compte tenu de notre métier : veiller à la sécurité des équipes lors des missions dans des territoires risqués.
Selon vous, quelle est la place des citoyens dans le succès des investissements solidaires portés par la SIDI ?
Grâce à son modèle économique unique porté par des actionnaires citoyens, la SIDI dispose d’une liberté rare pour agir en faveur du développement économique dans des zones où peu d’acteurs étatiques ou de la société civile interviennent (Mozambique, Haïti, Bolivie, Guinée…).
Soyons clairs : il ne s’agit pas d’intervenir là où personne n’intervient pour se distinguer. Il s’agit d’actionner, grâce à des outils financiers, les leviers d’un développement économique ouvrant des perspectives d’autonomie financière et de démocratisation de l’économie.
Sans les actionnaires citoyens ; que nous appelons de nos vœux à être des ambassadeurs de leurs précieux soutien à la SIDI, nous ne pourrions pas intervenir là où nous intervenons. Il est aujourd’hui très important d’élargir ce cercle auprès de la relève de ce « cosmopolitisme en acte » : ce sont leurs enfants et leurs petits-enfants qui auront la responsabilité de soutenir un monde toujours plus ouvert et toujours plus solidaire.
Vous avez déjà pu effectuer deux missions en Guinée Conakry et en Ouganda, qu’est-ce qui vous a le plus marqué à ces occasions ?
Avant tout : l’énergie des partenaires de la SIDI sur le terrain ! C’est remarquable…
Constater les effets très concrets des financements et des accompagnements de la SIDI pour des emprunteurs pauvres ou des petits agriculteurs a aussi renforcé une conviction chez moi : celle d’œuvrer au service d’une mission d’avenir plus que jamais décisive.
[1] Opérateur de finance solidaire spécialisé sur le développement économique.
[2] LA SIDI coordonne actuellement une étude à paraître au 1er semestre 2025 sur les impacts de cette sortie afin d’anticiper le mieux possible ses conséquences pour les partenaires soutenus dans cette région.